Quai de Serbie

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En 1908, la Bosnie-Herzégovine fut annexée à l'Autriche-Hongrie et les Serbes avaient compris l'avertissement: il fallait se préparer aux luttes prochaines et s'allier avec la Russie, la France et l'Angleterre. Après l'assassinat de Sarajevo, la France entre en guerre à ses côtés. L'année 1914 fut pour eux une année victorieuse: après avoir livré une bataille sans merci sur le Mont Cer au mois d'août, les Serbes sortirent vainqueurs malgré la perte de 16 000 hommes. L'année suivante, la conquête de la Serbie apparaissait comme un intérêt stratégique majeur pour les Empires centraux. L'occupation austro-allemande qui suivit cette invasion est décrite en des termes particulièrement cruels. Le secrétaire général du Comité "L'effort de la France et de ses Alliés", Paul Labbé, écrit en ce sens: " On n'eut de pitié pour personne; les Autrichiens réservèrent à la population civile les plus terribles supplices; on tua  [...] à coup de fusils, de baïonnettes, de couteaux, de crosses, de bâtons; on lapida, on dépeça, on pendit, on brûla, on enterra vivant; on creva des yeux, on coupa des nez, des oreilles, des seins, et je passe sous silence d'autres supplices encore plus infamants." Dans ce discours, on voit que les membres du gouvernement français veulent montrer qu'ils prennent pitié des horreurs subies par leur Alliés et qu'ils font preuve d'empathie pour ce peuple, également décimé par le typhus. "Heureusement pour les soldats serbes, la France veillait, la France était là; c'est elle qui les attendait et qui les secourut", ajoute-t-il afin de montrer le rôle selon lui indispensable de la France. Ainsi, M.Morel, ancien ministre français, termine son discours de 1916 avec la promesse suivante: "Serbes et Français, jurons nous une amitié éternelle. Et comme gage de cette affection mutuelle, qu'un même cri, unanime et rententissant, jaillisse de nos poitrines: "Vive la Serbie! Vive la France!". Une journée serbe est organisée afin de marquer la solidarité envers ces alliés. A Lyon, des soldats serbes sont rapatriés et arrivent à la gare des Brotteaux le 21 juillet 1917. Pour témoigner de cette amitié, le quai de l'Est est renommé "quai de Serbie" le 23 décembre 1918 en l'honneur de cette nation alliée.

Bibliographie

  • Vanario Maurice, Rues de Lyon à travers les siècles (Lyon: Editions lyonnaises d'art et d'histoire, 2002).
  • Labbé Paul, L'effort serbe - La Serbie fidèle, L'effort de la France et de ses alliés (Bloud & Gay, 1916).
  • Dušan T. Bataković, Histoire du peuple serbe (L’Âge d’Homme, 2005).